1927 AVIONS VOISIN C14 LUMINEUSE /202.500£
Acquise neuve en 1927 par Ferdinand Batime demeurant à Lyon, France, vendue en 1975 par Jan Martens, Pays-Bas, cette Avions Voisin C14 “Lumineuse” Châssis #28250 est considérée comme la plus “remarquable” et la plus “désirable” avec son extraordinaire et unique livrée “Art Déco” peinte à la main inspirée de la couverture de Vogue, par Georges Lepape.
Grand amateur des plus beaux arts et automobiles d’avant-guerre, Jan Martens pour la restauration de cette voiture, s’est donc inspiré de la couverture de Georges Lepape dans la première édition britannique du magazine Vogue, qui représente une élégante automobiliste vêtue d’une robe “simultanée” inspirée de Sonia Delauney. l’élégante pose appuyée sur une Voisin peinte dans des motifs triangulaires Art Déco.
La belle “Lumineuse”, c’est un surnom pour la carrosserie “Chasserons” dans les catalogues Voisin pour cette C14 de 1927. Elle est motorisée d’un 6 cylindres en ligne (sans-soupapes, licence Knight) de 2.400 cm3, de double carburateurs “Cozette” et d’une boite de vitesse mécanique électromagnétique (surmultiplication électrique), ainsi que d’un servofrein à air comprimé commandé par dépression.
Elle peut monter à 120 km/h. Sa carrosserie est en alu à angles vifs, typique du style Voisin et on ne peut qu’admirer ses grandes surfaces vitrées, son phare additionnel à l’arrière (côté conducteur) et surtout son intérieur tout aussi typique de la marque “à la cocotte” avec ses sièges et garnissage en tissu art-déco ! C’est un chef-d’oeuvre…
Après avoir fondé une compagnie d’aviation en 1906 avec son frère cadet Charles, le pionnier Gabriel Voisin a construit plus de 11.000 avions militaires pour la France et d’autres pays pendant la Première Guerre mondiale. Après des exploits ultérieurs dans la construction préfabriquée et la production de hangars d’avions, Voisin a ouvert “Avions Voisin”, qui est devenu l’un des constructeurs automobiles les plus dynamiques au monde.
Révolutionnaires dès le début, les premiers efforts automobiles de production d’Avions Voisin se sont concentrés sur l’adoption de l’architecture de moteurs à soupapes à manchon, architecture brevetée en 1908 par l’Américain Charles Knight. Connus pour leur fonctionnement presque silencieux, ces moteurs ont été une caractéristique des voitures d’Avions Voisin jusqu’à très tard dans l’existence de la marque.
Une véritable caractéristique du design Avions Voisin est le tissu Paul Poiret résolument Art Déco utilisé pour les garnitures intérieures, qui offre un niveau de flamboyance qui correspond avec goût à l’extérieur de cet exemple. La C14 a également bénéficié d’une reconstruction du moteur par le spécialiste Didier Pacic, qui comprenait de nouveaux manchons de cylindre et pistons. En combinant l’élégance, l’ingéniosité et l’art, Avions Voisin est devenu légendaire.
Cette “charmante et charmeuse” C14 est l’incarnation de la marque Avions Voisin, elle a été produite à près de mille huit cents exemplaires entre 1927 et 1932. Simple évolution de la C11, elle est comme celle-ci munie d’un moteur à six cylindres en ligne et proposée par le constructeur en huit carrosseries différentes, ou sous forme de châssis nu.
La Voisin C14 est propulsée par le même six cylindres en ligne sans soupapes à chemises louvoyantes que la Voisin C11, avec les mêmes cylindrées de 2.326cc, alésage de 67 mm et course de 110 mm. Développant la puissance de 66 chevaux, son alimentation en carburant est assurée par un double carburateur “Cozette”. L’allumage est à Delco ; le liquide de refroidissement est mis en circulation grâce à un thermosiphon.
L’embrayage multidisque transmet la puissance à une boîte de vitesses à trois rapports, à laquelle s’ajoutent une marche arrière et un démultiplicateur, portant le total à six vitesses avant (et deux en marche arrière). En option la commande de boîte est munie d’un système à relais électromécanique développé en collaboration avec Cotal, permettant de disposer d’une commande au volant pour des changements de vitesse plus aisés.
La transmission se fait aux roues arrière selon l’architecture classique à propulsion. Le châssis, codé “Charmant” dans la nomenclature de l’usine, est réalisé en tôle emboutie et supporte, outre le moteur et la transmission, des suspensions à ressorts à lames semi-elliptiques aux quatre roues. Le train arrière à pont rigide est à essieu banjo, réalisé d’une seule pièce. Les freins sont à tambours aux quatre roues également et sont actionnés via un servo-frein Dewandre.
L’usine proposait la C14 soit sous forme de châssis nu, à confier par le client au carrossier de son choix, soit avec diverses carrosseries d’usine, qui étaient toutes réalisées en aluminium selon l’usage chez Voisin. D’autres caractéristiques habituelles des carrosseries Voisin s’y retrouvent, telles les coffres latéraux sur l’avant des marchepieds, le feu de croisement déporté à l’arrière droit du véhicule, ou l’intérieur en tissu Art déco.
Ces différents modèles sont d’abord repris de la C11 : un coach à deux portes et quatre places, codé “Charteorum” et dit également “Lumineuse”, qui reprend la carrosserie désignée comme berline à deux portes sur la C11 ; un coupé à deux portes et deux places appelé “Chartapola”, une berline à quatre portes et cinq places codée “Chartam”, une berline allongée à quatre portes et six ou sept places baptisée “Chartrain”, et une conduite intérieure dite “Chartaceum”.
J’allais oublier la découvrable type Duc, désignée “Charmidor” et une décapotable type sulky, codée “Chartatico”, ces deux dernières toutes deux à deux portes et quatre places. En 1930, le dessin des ailes de l’ensemble des carrosseries est légèrement modifié. Le coach “Charteorum” est désormais présenté comme berline “Lumineuse” à deux portes et quatre places, sous le nom “Caline”, tandis que le sulky “Chartatico” disparaît du catalogue.
Deux nouvelles carrosseries apparaissent, une conduite intérieur à deux portes et quatre places codée “Club”, et une conduite intérieure à deux portes et trois places codée “Chambellan”. L’éventail des carrosseries d’usine diminue ensuite, puisqu’en 1931 ne sont plus proposés, outre la berline à sept places “Chartrain”, qu’une berline à quatre portes et cinq places codée “Chartreuse” et une demi-berline baptisée “Chartre”.
En 1932 ne subsistent plus que les berlines “Chartre” et “Chartreuse”, ainsi qu’une limousine à sept places baptisée “Charrée”. Les tarifs ultérieurs mentionnent d’autres carrosseries, comme la berline à angle vifs “Charton” ou les demi-berlines “Charmette” et “Carlette” proposées en 1934, c’est-à-dire après la fin de production de la C14 en 1932.
Comme déjà écrit ci-avant, la Voisin C14 est une évolution de la C11 de 1926, dont seule la différencient quelques modifications de détail apportées au moteur. Celles-ci ont forcé le constructeur à un nouveau passage aux Mines, qui va entraîner une réduction de la puissance fiscale de 14 à 13 CV. En dehors de cela, et d’une légère modification de l’arrière du châssis, les deux modèles restent identiques, avec la même puissance réelle de 66 ch.
En 1929, le châssis nu est vendu 58.000 francs, tandis que les prix des modèles carrossés d’usine vont de 79.500 F pour la berline “Charteorum” à 88.000 F pour la berline allongée “Chartrain”. À la fin de production en 1932, le châssis nu est proposé pour 45.000 F, la version la plus chère étant la limousine “Charrée” à 78.000 F.
Les berlines carrossées par Manessius, dites “Champagne” et “Aquitaine” déjà proposées sur la C11, se retrouvent proposées par l’usine sur la C14 jusqu’en 1930, année après laquelle elles disparaissent des catalogues. L’Aquitaine aura d’abord été rebaptisée “Chartacei”, avant de retrouver son nom en 1930. La voiture ne connaît pas d’évolution notable durant sa période de commercialisation, en dehors de ceux survenus en 1930 .
1930 est en effet l’année après laquelle les carrosseries “Manessius” cessent d’être proposées au catalogue du constructeur. La production va cesser en 1932, mais de nombreux châssis seront conservés en stock. Les derniers seront vendus lors du salon de l’auto 1935, mais ils restent néanmoins mentionnés sur les tarifs jusqu’en 1939.
Durant sa carrière, la Voisin C14 sera utilisée par plusieurs personnalités comme Joséphine Baker et Maurice Chevalier, l’architecte Le Corbusier, le photographe Man Ray et l’écrivain Paul Morand ainsi bien sur par Gabriel Voisin. Étant, avec la C11 qu’elle remplace, une des automobiles Voisin les plus produites, la Voisin C14 existe encore en quantités relativement élevées au xxie siècle. Un certain nombre de modèles sont exposés dans des musées.
En France, une C14 de 1928, acquise par Fritz Schlumpf est exposée à la cité de l’automobile de Mulhouse. Elle est classée monument historique à titre d’objet depuis le 14 avril 1974. Une autre C14 de 1929 carrossée en coach (modifiée après sa sortie d’usine) est présentée au Musée de Châtellerault depuis 1991. En Belgique, il est possible de voir une C14 de 1929 au musée Autoworld de Bruxelles.
En Suisse, deux Voisin C14 sont visibles dans le musée de la Fondation Hervé, à Aigle dans le canton de Vaud : un coach “Lumineuse” de 1928, conservé depuis 1966, et une demi-berline Chartre de 1931, présente dans la collection depuis 1973. Des Voisin C14 figurent régulièrement au catalogue de ventes aux enchères automobiles prestigieuses.
Par exemple, en 2010, une C14 carrossée en demi-berline Chartre y est proposée par Bonhams pour un prix estimé entre 380.000 et 460.000€. Lors de Rétromobile 2018, une C14 à carrosserie d’usine est vendue pour 199.520 euros par Artcurial. Lors de l’édition 2019, une autre C14, également en carrosserie d’usine, est proposée pour un prix estimé entre 275.000 et 325.000€.
Aux États-Unis, lors d’une vente organisée le 12 mars 2016 par Sotheby’s à Amelia Island en Floride, une C14 “Lumineuse” de tout début de série, ayant appartenu à Gabriel Voisin, a été proposée avec une estimation située entre 1.200 000 et 1.500 000$. Arrive enfin cette voisin estimée 300.000£ mais qui ne va atteindre que 202.500£…