Alejandra Ghersi, connue sous son nom de scène Arca, est une musicienne, autrice-compositrice-interprète et productrice de musique électronique vénézuélienne, née le 14 octobre 1989 à Caracas dans une famille aisée, son père travaillant dans l’investissement bancaire. Elle a passé une partie de sa jeunesse dans le Connecticut. Elle décrit sa jeunesse comme étant dans une bulle et ajoute qu’elle avait, identifiée alors comme une personne de genre masculin, du mal à accepter son homosexualité…
Assignée garçon à sa naissance, Arca s’identifie comme non-binaire. La non-binarité est un terme générique utilisé en sciences sociales pour catégoriser les différentes identités de genre non-binaires ou genderqueer qui ne s’inscrivent pas dans la norme binaire occidentale moderne, c’est-à-dire que les personnes non-binaires ou genderqueer ne s’identifient ni strictement homme, ni strictement femme, mais entre les deux, un mélange des deux, ou aucun des deux. Les personnes non-binaires peuvent choisir d’adopter des pronoms personnels différents pour se désigner, changer de prénom, adopter une expression de genre différente de celle de leur genre assigné à la naissance. En plus d’une éventuelle transition sociale, certaines choisissent également de réaliser une transition médicale. La non-binarité est rarement reconnue officiellement ; quelques pays reconnaissent un genre non-binaire dans leur état civil.
Alors que dans les blockbusters qui se répandent massivement sur nos écrans les créatures imaginaires n’ont jamais été aussi interchangeables, le salut nous vient d’un vidéo clip produit avec un budget riquiqui. Pas que la doña Arca n’existe pas – tout au contraire, Alejandra Ghersi existe un peu plus avec chacun de ses projets, se révélant à chaque étape en cyber pop star d’un autre temps (à venir), de moins en moins mastermind techno à lunettes derrière son écran, de plus en plus messie renvoyant les Taylor, Katy etc. à un âge antédiluvien de la pop dont on se tromperait à penser qu’elle en fait encore partie. Mais dans le clip en images synthétiques intégrales du dyptique Prada/Rakata, qu’elle a confié à l’artiste 3D Frederik Heyman et qui débute par un glorieux rodéo sur fond d’emblème trans, elle se dédouble de mille manières fantasmagoriques, ange-démon à deux têtes, strippeuse arachnéenne en latex ou sirène biomécanique augmentée d’un bras-fusil laser bariolé, et s’entoure d’un bestiaire cryptozoologique grotesque et de toute beauté, tapirs érotiques musculeux, diables eunuques bodybuildés ou chauve-souris aux appareils génitaux proéminents, cette indescriptible faune évoluant dans des tableaux infernaux et idylliques du même coup de pinceau (numérique), écho chromé à l’inévitable Jardin des délices de Jérôme Bosch, marécages de sang ou fatras de corps arrêtés en pleine orgie, morts, vivants, peut-être à la lisière entre les deux. Tout ça pour annoncer un disque, demanderont quelques-uns? Oui mais pas n’importe lequel: Kick ii, spectaculaire déflagration de techno cumbia queer à venir chez XL/Beggars qui fera à n’en pas douter l’une des moments forts de la culture du mois de décembre 2021 !
Le 1er février 2012, Arca a sorti son premier EP, Baron Libre, à travers UNO NYC. En 2013, Arca fut créditée dans la production additionnelle, la programmation et l’écriture de cinq chansons de l’album Yeezus de Kanye West. Elle a sorti le 23 juillet de la même année la mixtape &&&&& via SoundCloud et Hippos in Tanks. Le projet inclut une performance visuelle réalisée par Jesse Kanda, qui a notamment contribué aux visuels du MoMA PS1 en octobre 2013. Son premier album studio, Xen, est sorti le 4 novembre 2014 sur le label Mute Records.
La même année, Arca collaborait avec la musicienne américaine Kelela pour son EP Hallucinogen, sorti en octobre 2015. Arca rejoint ensuite le label XL Recordings. En prémices à la sortie de son nouvel album : Arca ! L’installation Echo du clip vidéo est exposé au Museum of Modern Art de New York et a été créée grâce au moteur Bronze AI, dont l’intelligence artificielle crée de la musique non-statique, générative et augmentée qui ne jouera jamais deux fois de façon identique. C’est une transmission live en constante mutation.
Arca affiche une carrière semblable à un dévoilement, couche après couche, comme un fruit qu’on épluche. Plus que n’importe quel autre artiste de sa génération, Alejandra Ghersi, qui érige son art sous le nom d’Arca, crée pour se révéler, aux autres mais également à elle-même. Sans ses chansons-murs du son et ses performances, la Vénézuélienne ne serait sans doute jamais devenue celle qu’elle est aujourd’hui, une femme trans de 30 ans doublée d’une inventrice de pop électronique parmi les plus flamboyantes de nos temps lambinants.
A la voir parader sur scène ou dans ses clips en tenue de combat cybersexe, les membres du corps prolongés d’artefacts qui ont l’air de la soumettre autant qu’ils l’augmentent, on en oublierait presque qu’on l’avait identifiée, à la préhistoire d’Arca, comme un jeune geek de la sémillante scène électronique new-yorkaise secouée par les soirées GHE20G0TH1K du styliste Shayne Oliver. Ghersi se prénommait alors Alejandro, portait les cheveux ras, et se distinguait autant par sa musique que pour les rumeurs de sa participation, en 2013, au projet dingo de Kanye West, Yeezus. Malédiction des images qui influencent toujours plus que de raison : on aurait dû mieux écouter le son d’Arca, si élastique et théâtral, et tâcher d’entendre ce que sa nouveauté ébouriffante nous disait de l’artisan derrière les potentiomètres.