Alors que je me promène avec nonchalance le long de l’Avenue d’Ostende à Monte Carlo, dans une nouvelle tentative de comprendre ce qu’on appelle communément ‘le peuple’, une odeur très particulière virevolte, tel un papillon emporté par une brise légère.
Le visage véritablement léché par cette douceur invisible, je ne peux m’empêcher d’humer cette senteur venue d’un pays ou etre ‘Fidèle’ à une certaine tradition, cantonne irrémédiablement dans la pauvreté.
Je me souviens alors de ce pied-à-terre de 1.500 m² que j’avais fait construire à proximité de la plage et surtout de ‘mes gens’ qui survivaient grâce à mes dépenses journalières…
Je suis encore tout ému du bien que j’apportais autour de moi en payant un salaire de 3 Dollars par jour et par tête.
Je ne compte plus les fois ou j’ai accepté, sans rien attendre en retour, que les enfants ‘de mes gens’ lavent bénévolement mes voitures ou mon hydravion, utile pour survoler mes terres !
C’est à cette époque, ou je fêtais mon premier milliard de dollars, que j’ai découvert ce joyau de dâââme nâââture, mais façonné par la main de l’homme, le cigare.
Bonheur suprême que ces feuilles de tabac roulées avec un savoir unique et ancestral, quasi sexuel, devenant cigare par ce miracle, objet de culte pour des gens célèbres comme : Churchill, Kennedy ou moi-même…
Snob, isn’t !
Quelle extase sociale que de pouvoir fumer plusieurs fois par jour et entre-amis, un objet qui représente souvent 1 mois de salaire des ‘mains’ qui les fabriquent 12 heures par jour.
Relation presque érotique avec des noms comme ‘Monte-Cristo’ qui serait fier d’apprendre qu’un certain président américain a trouvé une méthode particulière pour humidifier celui dont le bout deviendra a ‘court’ terme, incan-décent…
Holalalala !
Mais finalement, je palabre en omettant toute politesse élémentaire !
Laissez-moi vous conter l’histoire de cette merveille qui, tout comme la lampe d’Aladin lorsque on y touche, ne dégage que de la fumée, sans pour autant laisser échapper un génie…..
Cigares & co…
Peu de gens savent que le cigare fut découvert en 1492 par le célèbre Christophe Colomb.
Au départ, il était très coûteux d’importer le tabac en grandes quantités, donc forcément seuls les gens aisés en consommaient.
Fumer était donc un signe de richesse et de bonne éducation.
A mesure que les communications s’intensifiaient entre le nouveau et l’ancien monde, le prix du tabac chuta et devint enfin accessible à la majorité de l’europe.
En Angleterre, le tabac fut introduit sous le règne d’Elisabeth 1, par sir Francis Drake.
C’est à ce moment précis que fumer la pipe devint populaire, du moins jusqu’au règne de Jaques 1er.
Au même moment et de l’autre côté de la planète, le Japon puis le Proche-Orient interdirent durant des années la consommation d’un produit qui fini par prendre le dessus au vu des bénéfices qui pouvaient remplir les caisses de l’état…
Il faudra attendre la première moitié du XIXe siècle et le retour des troupes anglaises du Portugal et d’Espagne, pour que le cigare soit enfin consommé sous sa forme actuelle, car en Angleterre on fumait le tabac dans de longues pipes faites d’argile.
Les premières usines anglaises de cigares, furent construites sur décision du parlement en 1821, mais très vite leur qualité fût reconnue comme inférieure a celle des tabacs en provenance de Cuba.
A l’époque les Espagnols étaient les plus gros fumeurs de cigares d’Europe, normal quand on sait que c’est eux qui avaient le quasi monopole du transport entre l’Amérique centrale et du sud.
De par son climat, Cuba était et est toujours l’endroit idéal pour faire pousser du tabac, mais le plus important reste leur expérience, devenu traditionnelle, du roulage des meilleurs cigares.
Depuis presque 200 ans ce sont les régions de Vuelta Abajo et Partidos, sur la côte ouest de l’île, qui produisent le tabac pour la fabrication des meilleurs cigares au monde.
D’autres pays produisent aussi des cigares de qualités comme :
Saint-Domingue
En quelques années, cette nouvelle ” terre promise ” du tabac a accompli d’immenses progrès s’imposant comme une rivale sérieuse de Cuba.
D’une puissance généralement mesurée, les puros dominicains séduisent par leur élégance et leurs qualités aromatiques.
Ils sont, généralement, admirablement roulés et leur tirage ne pose pas de problème.
Un atout qui résulte aussi des tabacs qui les composent.
Plus légers que les Cubains, ces derniers se consument souvent mieux.
Le Honduras
Au sud du Mexique, le Honduras est une autre terre bénie du cigare.
Ce petit pays d’Amérique centrale paraît si loin et si discret et pourtant il s’affirme comme un grand producteur mondial de cigares roulés main.
Si le Honduras importe la plupart de ses feuilles, une petite production s’y développe depuis trois ans, son tabac s’avère plus corsé que le dominicain.
Incontestablement, la révolution cubaine s’est révélée bénéfique pour le cigare hondurien car de nombreux propriétaires et techniciens cubains y ont apporté leur savoir-faire.
Le Mexique
Comme le Honduras, le Mexique, est l’un des berceaux du tabac. Mais la situation politique tumultueuse qui a secoué ce pays tout au long du XIXe siècle a considérablement freiné le développement de son industrie.
La première relance du puro mexicain, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est due aux cigariers hollandais.
Chassés d’Indonésie, ces derniers se replièrent en effet sur l’Amérique Centrale..
Enfin sont arrivés, après 1960, des émigrés cubains qui ont bouleversé les coutumes mexicaines quant au choix des feuilles et au fini des cigares.
Le Nicaragua
C’est un autre pays producteur que la plupart des amateurs européens méconnaissaient jusqu’à l’an dernier.
À l’image du Mexique ou du Honduras, la production cigarière du Nicaragua est longtemps restée purement locale, elle n’a commencé à prendre de l’ampleur qu’aux lendemains de la révolution castriste, avec l’arrivée des Cubains.
Iles Canaries
Les Occidentaux ont tendance à oublier cet archipel pourtant riche d’une tradition cigarière.
Le plus clair de la production Cannarienne reste destiné à l’Espagne.
Quelques marques, cependant, ont, depuis deux ans, fait leur apparition dans les rayons des civettes françaises.
Ainsi Pulcherimo, dont trois vitoles, par leurs prix et leurs qualités, prennent place dans ce guide.
Le Brésil
Bien que deuxième exportateur de feuilles de tabac, le Brésil ne compte plus parmi les grandes nations du cigare.
Il est vrai qu’aujourd’hui, ce sont surtout les fabricants de cigarettes qui s’intéressent à sa production.
Son tabac est essentiellement employé pour composer des tripes.
Seuls les Allemands l’utilisent en cape.
Ce tabac permet la réalisation de cigares plutôt rustiques, aux goûts rocailleux assez prononcés.
L’Indonésie
Avec ses îles de Sumatra et de Java, l’Indonésie demeure un haut lieu de la culture du tabac pour cigares.
La renommée des capes dites Sumatra en témoigne.
Ce sont des feuilles très claires (bien que de tabac brun), peu nervurées, très fines, essentiellement cultivées dans la région Nord-Est de Sumatra.
Légèrement plus amères que leurs homologues cubaines, elles témoignent, d’une moindre puissance.
Java, en revanche, semble en léger déclin.
En France, une marque illustre les ambitions cigarières indonésienne: Celestino Vega.
La culture du tabac exige des soins permanents.
Après la préparation de la terre en juillet-août, on sème en septembre et on repique les plants à la mi-novembre.
La croissance des pieds doit être très surveillée.
Le cultivateur, dit-on, vérifie 150 fois chaque pied de tabac.
La récolte se fait ensuite entièrement à la main et feuille par feuille à partir de janvier.
Une fois les feuilles récoltées, elles sont entreposées dans la Casa de tabaco où elles sèchent entre 20 et 50 jours.
Après la 1ère fermentation à 35°, les feuilles sont triées, mouillées puis écotées (opération qui consiste à enlever la nervure centrale).
Une 2ème fermentation à 42° va durer environ 60 jours, puis les feuilles seront rassemblées en balots. Après environ 6 mois à 2 ans de mûrissement, elles sont expédiées dans les manufactures.
Dans la manufacture, les cigares sont roulés à la main par les torcedores dans la salle appelée la Galera (la galère).
Au début du 19è siècle, les fabriques étaient des prisons.
De ce modèle est né la coutume d’asseoir les torcedores en longues rangées, comme des galériens. Chaque torcedor regroupe ses cigares par botte de 50 dans laquelle il glisse sa marque.
De chaque botte est prélevée un cigare pour la vérification du poids et de la taille recherchée.
Après que les cigares ont reposé plusieurs semaines dans l’escaparate, l’escogedor les classe par teintes.
La dernière étape est celle du baguage et du conditionnement.
Après un ultime séjour en entrepôt, les cigares seront envoyés dans leurs pays de destination.
Un cigare se compose de trois parties :
La tripe
C’est le tabac qui constitue l’intérieur du cigare. La tripe est constituée de trois feuilles d’origines diverses : le ligero, le seco, le volado
Le ligero est la feuille située en haut du plant, elle reçoit directement la lumière, elle donne sa force au cigare.
le seco est cueilli au pied du plant, il lui donne son arôme
le volado également cueilli au pied, assure la bonne combustion du cigare
La sous-cape
C’est la feuille intercalaire, elle se situe entre la tripe et la cape, son rôle est de maintenir la tripe.
La cape
C’est la peau du cigare.
Si elle ne constitue pas l’essentiel du havane, la cape ne compte en réalité qu’en fonction de son poids, sa qualité est loin d’être négligeable.
Elle influe sur la combustion du cigare, sur la cendre, et joue un peu le rôle de “révélateur “, comme “le sel dans un plat cuisiné “, aiment dire les torcedores cubains.
Il vous faut également connaître le ‘jargon’ des professionnels :
Bague :
anneau de papier imprimé aux couleurs de la marque qui entoure le cigare près de la tête.
Cabinet :
boîte haute où les cigares sont rangés en fagot
Cape :
enveloppe extérieure du cigare
Chaveta :
c’est le seul instrument du rouleur de cigares, c’est une demie-lune de métal plate, utilisée comme un rouleau et dont la partie convexe, coupante, sert de couteau.
Cigarillo :
terme utilisé pour désigner les très petits cigares constitués de feuilles de tabac haché
Corps :
partie du cigare tenue en main
Dégustation à cru :
dégustation du cigare quand il n’est pas encore allumé ( à froid )
Dégustation à l’aveugle :
dégustation de cigares dont les bagues ont été ôtées afin de ne pas pouvoir les reconnaître (ou blind test )
Ecotage :
opération consistant à ôter la nervure centrale des feuilles de tabac
Fagot :
petit tas de cigares tenu par un ruban de soie
Finca :
exploitation agricole cubaine consacrée à la culture du tabac
Humidor :
boîte hermétique permettant de conserver les cigares maintenant une hygrométrie constante de l’ordre de 70-80%
Module
désignation de la taille spécifique du cigare par trois paramètres
Pied :
extrémité du cigare que l’on allume
Poupée :
tripe entourée de la sous-cape, la dernière étape consiste à entourer la poupée de la cape
Puros :
cigares dont la cape, la sous-cape et la tripe sont de même origine
Robe :
synonyme de cape
Sous-cape :
feuille de tabac se situant entre la tripe et la cape
Terroir :
conjonction de trois facteurs qui sont le sol, le sous-sol, et le climat. Par extension, désigne la région de production. Les principales sont Cuba, Saint-Domingue, Honduras, Nicaragua, Mexique, Indonésie
Tête :
extrémité du cigare que l’on tient en bouche
Torcedor :
rouleur de cigares
Tripe :
ensemble de feuilles de tabac qui constitue l’intérieur du cigare que l’on enveloppe de la sous-cape
Vitole :
planchette de bois trouée qui sert à calibrer les cigares. Désigne aujourd’hui un cigare au sein d’une marque
On recense 72 nuances différentes, du clarissimo (presque jaune) au maduro (presque noir).
Il existe encore des capes de couleur verte -cape candela- due à un séchage accéléré.
Ce qu’il faut faire :
L’allumage d’un havane commence par une pratique en apparence barbare qui exige adresse et raffinement : la décapitation.
La façon de lui couper la tête, qui est presque toujours fermée, n’est pas sans conséquence pour la suite !Utilisez un coupe-cigares (du type guillotine ou ciseaux).
Incisez la tête du cigare à mi-cabochon ( à 1 ou 2 mm de l’extrémité ).
Votre incision doit être droite et franche pour que le tirage soit correct.
Ce qu’il ne faut pas faire :
Ne faites pas d’incision avec les dents ou l’ongle, cela risque de manquer de netteté et d’abîmer la tête du cigare
N’enfoncez jamais d’allumette dans la tête du cigare : ce sacrilège a un effet désastreux sur la combustion, il endommage tripe et sous-cape et provoque la formation d’un bouchon de nicotine.
Évitez les coupe-cigares qui effectuent une incision en V, ils sont la cause d’une concentration de goudrons et de nicotine qui gâche le final du cigare
Comment fumer…
Utilisez une grande allumette (90 mm de long) ou un briquet fonctionnant au gaz.
Portez la flamme au pied du module choisi.
Mettez le cigare à la bouche, aspirez lentement en éloignant la flamme de deux à trois centimètres du pied, faites lentement pivoter le cigare, sans cesser l’allumage.
L’incandescence doit être plane et uniforme.
Le fait de tirer doucement au début (trois à quatre fois) puis d’aspirer profondément est capital.
Cette dernière opération provoque le mélange de la fumée et de la salive. L’association précipite et révèle les arômes ainsi que la puissance.
Conduisez votre cigare lentement.
Briquet à essence ou bougie sont à proscrire, car le havane est un formidable capteur d’odeurs.
Le Montecristo est assurément la marque cubaine la plus connue et la plus représentée à travers la planète. Plus de la moitié de la production cubaine sont le Montecristo avec en tête de liste le numéro 4 appelé ‘ Corona’.
Créée en 1935, la marque tire son nom du célèbre roman d’Alexandre Dumas « Le comte de Monte-cristo »
Le Monte-cristo cubain se distingue par sa variété de saveur qui va de moyenne à corsée.
Il y a onze formats différents.
Le numéro 2 ‘ Pyramide’ reste l’un des plus appréciés de part le monde.
Il ne faut surtout oublier le ‘Monte-cristo ‘A’, un véritable monstre long de 9 ¼ pouces qui se fume en un peu plus de 3 heures…
Voilà donc, l’essentiel, de ce qu’il vous faut savoir sur le cigare.
Régulièrement et tant que possible, je vous donnerai le descriptif d’un de ces véritables ‘encens’ géant, afin, peut-être, de vous y donner goût (si vous en avez les moyens bien sur…)
A très bientôt….
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