L’affaire du “Port Tonic Art Center”…
Win Delvoye abandonné…
Une de ses œuvres de 1.800.000 euros sur le béton…
En me promenant à St-Agay entre les Issambres et Fréjus/St-Raphael, mon attention est attirée par une grue Caterpillar en dentelle de Brugge, abandonnée sur un terrain bétonné près de la route côtière…
Il s’agit d’un ancien chantier naval [une enseigne “Yamaha Marine” est toujours en (grande) place], qui a été transformé en Galerie d’Art, mais tout est abandonné…
La Galerie d’Art nommée ‘Port Tonic Art Center’ a été “ouverte” début 2015 (dans des circonstances reprises en fin de cet article) et la Mairie de Roquebrune (les Issambres) a délivré un Arrêté de cessation d’activité fin aout 2015…
Je reconnais “direct” une des sculptures métalliques de Win Delvoye…, et tournant alentours, je me demande ce que fait encore là cette œuvre d’artiste qui est évaluée à 1.800.000 euros…
Ahhhhhhh ! l’art fou et les artistes fous…, il avait été beaucoup plus amusant pour moi, il y a quelques années (2010), alors qu’il exposait au Musée du Louvre, de rencontrer Wim Delvoye en chair et os…, plutôt que de voir une de ses œuvres abandonnées en bord de méditerranée…
Je me souviens de Win Delvoye virevoltant dans les appartements Napoléon III du musée, qu’il avait parsemé de cochons en tapis iraniens de soie et d’une multitude de Christ en croix et autres sculptures tordues comme des filaments d’ADN, c’était quasi jouissif…, par contre, tenter de comprendre son univers devant une peau de cochon tatoué accrochée toute seule au mur blanc d’une galerie, ce n’était pas évident.
Humour belge, désinvolture élégante et parler frontal à la flamande avaient de quoi désarçonner qui que Franchouillard(e)s… qui faisaient avec lui et moi, la visite d’ouverture de son exposition au Louvre.
Mêlant un second degré 100% belge, une incapacité à se prendre au sérieux et l’orgueil bien compréhensible d’un artiste arrivé, Delvoye sous-titrait et commentait ses œuvres sélectionnées et incrustées comme des contre points dans le musée…., c’était beau, tendu, léger et ironique à la fois.
Cette exposition l’accueillait au centre de la pyramide de Pei, où était installé un Suppositoire de 11m de haut, en acier découpé en dentelles gothiques…, c’était l’artiste lui-même qui avait choisi d’exposer dans le département des objets d’art et dans les appartements Napoléon III… y installant une trentaine d’œuvres.
Ses sculptures étaient installées sur le mobilier, dans les vitrines ou encore sur les tapis et le long de l’escalier du Ministre…, un grand vitrail était présenté dans l’escalier Lefuel et une chapelle en métal entrait en résonnance avec les tapisseries de la salle d’Anne de Bretagne.
Réjouissante surprise de voir les œuvres de Delvoye dialoguer avec une grande cohérence avec les objets anciens…, en plus, la tension entre les époques, atténuée pourtant par l’emploi de techniques et savoir-faire traditionnels (faïence, bronze,…), restait vive et porteuse de sens.
Né en 1965 en Flandre, l’artiste plasticien est connu pour ses cochons tatoués, ses camions en dentelles de métal et aussi pour son installation Cloaca, qui, avec l’apparent sérieux d’un laboratoire scientifique, reproduit le processus de la digestion.
L’artiste est souvent à l’honneur : en 2009 à la Collection Peggy Guggenheim à Venise…, en 2010 au Louvre à Paris… et en 2011 au palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
Fondant sa démarche sur l’appropriation, l’excrétion et sur le mélange des genres, des époques et des catégories, Win Delvoye digère les éléments décoratifs du gothique, de la sculpture académique du 19ième siècle aussi bien que l’imagerie populaire de Walt Disney.
Détail important qui contrecarre son esprit de légèreté et de dérision : sa prédilection pour le travail manuel et la tradition : le vitrail, le bleu de Delft, la sculpture sur bois, la technique du ciseleur ou du fondeur, la faïence ou le travail des peaux.
Le prétexte de vous informer qu’une des œuvres de Win Delvoye se trouve à St-Agay-Les Issambres, j’ai ressorti l’interview/discussion que j’avais orchestré alors avec lui (au Louvre en 2010), pour ici illustrer les photos (généralement ce sont les photos qui servent d’illustrations, mais comme avec Win Delvoye tout est fou, autant que cet article le soit aussi)…
– Avez-vous une explication rationnelle à me donner concernant tout ceci ?
– J’aime l’idée de l’ADN, ou de la végétalisation : un mythe, un couple représenté, qui devient plante. Je me comporte comme une entreprise responsable. Je choisis les meilleurs pour développer mes idées. La règle aujourd’hui c’est de créer une œuvre en 5 minutes, pour qu’elle soit vendue en 5 jours sur un salon d’art contemporain. Moi, j’utilise la technique des meilleurs et je travaille longuement…
– Vous employez combien de personnes dans votre entreprise ?
– J’ai une équipe de 8 personnes qui sont des délégateurs. Ils m’aident à déléguer. Puis nous travaillons pour chaque projet avec des ouvriers et des artisans…
– Que pensez-vous de l’invitation qui vous a été offerte d’exposer au Louvre ?
– L’art contemporain est le grand vainqueur. C’est une mode, c’est vrai. Mais même Le Louvre a besoin de l’art contemporain. Vous vous rendez compte ?
– Non, pas vraiment…
– Mais, mais, vous le faites exprès, là, oui, non ?
– Peut-être… Mais continuez…
– Le Louvre, c’est une marque. Une marque forte, comme Paris. J’aimerais être une marque aussi forte ! L’art contemporain est peut-être à la mode, mais ça montre aussi comment l’art contemporain est devenu le préféré. C’est assez effrayant, cette culmination. Que va-t il se passer, après ?
– Je ne sais pas, je crains le pire !
– Pour ma part, je me prépare pour une situation normalisée où l’art contemporain aura repris sa place parmi les autres époques…
– Aimez-vous voir votre travail intégré dans les salles d’Art ancien ?
– Il s’agit d’une compétition avec le passé, pas d’un hommage ! J’aime les musées d’Art ancien, je peux me spécialiser en musées d’Art ancien ! J’ai bien regardé et analysé toutes les œuvres qui m’entourent ici, je les connais, je peux vous en parler…
– Un autre jour…
– Je peux même vous donner une estimation pour chaque objet.
– Sans façon, c’est hors de prix…
– Oui, mais c’est hors norme, comme moi…
– C’est génial d’exposer ici, il y a des milliers de personnes qui vont passer…
– Des mamans et des papas qui vont louper quelques pièces, qui ne vont pas faire la différence…
– Cette exposition, c’est Wim Delvoye pour les nuls !
– En quelque sorte, oui…
– Qu’aimez-vous particulièrement dans ces salles ?
– Ici au Louvre, on trouve des tableaux, des œuvres, qui sont libres des gossips, des marchés, des attentes financières. Vous savez, les murs tout blancs d’une galerie d’art contemporain sont plus kitch que ces murs peints, sculptés et dorés Napoléon III…
– Vous collectionnez toujours de l’Art ancien ?
– Avec l’argent de la vente d’une petite œuvre, j’ai pu acheter tout le catalogue d’une salle de vente : des meubles anciens du 15ième et du 16ième siècle. Je trouve ça incroyable et scandaleux, que ces meubles soient aussi bon marché. Aujourd’hui, les gens sont amateurs de marques, pas d’art…
– Dans la salle à manger, sur une longue table, des crucifix enroulés forment des anneaux de bronze argenté. Qu’en est-il de cette déformation que vous infligez aux dévots du Christ ?
– Le corps suit la croix. C’est la croix qui m’intéresse, cette forme géométrique minimale, très présente dans l’art minimal du 20ème siècle. Aujourd’hui, tout doit suivre cet art minimal. Le corps du Christ suit la torsion que je donne à la croix, il devient collatéral avec la forme de la croix : il s’agit d’une recherche géométrique…
– Et Tim, œuvre vivante qui pose avec le dos tatoué, assis sur un siège recouvert de velours damassé ?
– Ce qui l’intéresse, c’est l’opposition entre l’univers populaire du tatouage, rue, morbidité de la peau, comme support non permanent… et le monde du pouvoir qu’illustre le cadre dans lequel on se trouve, bois sculptés, dorures, meubles et tapis. L’opposition entre populaire et exclusif, grand et petit, riche et pauvre…
– Est-ce que ces décors 19ième siècle, c’est moral ?
– En fait, je suis un agent double. Je suis fasciné par la violence du monde. En 1871, Le Louvre est été brûlé par La Commune. Il se passe la même chose aujourd’hui, par exemple durant les émeutes à Londres.
– Les lapins pantoufles n’ont pas pu arriver pour l’exposition parce qu’on a écrit “lapins”, plutôt que “pantoufles” sur les documents d’accès aux salles.
– Oui, c’est dommage. Ils ne sont donc pas là, ils sont en quarantaine !
– Avez-vous proposé Cloaca à la commissaire ?
– Oui, pour le sport, mais je suis content que cela ait été refusé car je n’ai plus envie de travailler avec les machines. J’ai donné la preuve que je pouvais faire du scatologique, du subversif, avec Cloaca et avec les cochons tatoués. Aujourd’hui je veux faire la beauté, je veux faire des œuvres qui prennent du temps. C’est bien plus dangereux en fait, ce que je propose aujourd’hui.
– Vous avez une manière incomparable de vous emparer des signes sociaux et économiques de nos sociétés pour les détourner et les interroger en profondeur par le biais de l’approche artistique.
– En poussant les logiques jusqu’au bout, pour en montrer finalement le squelette ridicule. Ou la portée sociologique. L’art est spéculatif et est un trophée où se reconnaît la tribu…
– Une de vos oeuvres consistait à faire de fausses cartes politiques du monde. Est-ce un reflet de tous ces bouleversements politiques qui agitent la Terre ?
– C’est plutôt une manière de regarder le monde. Une carte c’est un mélange de lignes bleues, de couleurs pastels, de taches brunes. Et c’est ça, l’image que nous nous faisons du monde. Je joue avec cette perception pour mieux mentir. Les cartes sont l’image du monde que le pouvoir veut donner. C’est lui qui décide seul de la carte. Les Américains n’ont pas raison dans leurs actions, mais ils vont sans doute faire la guerre et ils réécriront l’Histoire pour montrer qu’ils avaient raison. Ils peuvent nous contrôler, nous faire faire n’importe quoi et nous imposer ensuite l’Histoire comme ils la font. Mais je doute qu’ils aient seuls raison face au monde…
– Il y a eu le 11 septembre et le terrorisme qui a bouleversé la donne ?
– J’étais justement à New York ce jour-là, dans mon appartement avec une copine que je tentais de persuader de bien vouloir revenir en Belgique. Le matin des attentats, elle m’a dit: `c’est drôle ce silence, il n’y a pas de trafic´. J’habite tout près du World Trade Center mais on voyait mieux sur la télévision du restaurant chinois. Nous regardions là et sortions sans cesse pour tenter de voir `en vrai´. Et je remarquais bientôt de nombreux caterpillars prêts à agir comme ceux de mes oeuvres d’ailleurs. C’est drôle ces coïncidences: c’est comme mes bombonnes de gaz décorées de faïences de Delft. Je les avais exposées en France juste avant les attentats aux bombonnes de gaz !
– Aviez-vous peur du terrorisme ou des Américains ?
– J’ai vu rapidement le côté esthétique des attentats. Un terrorisme esthétique: viser deux tours, l’une après l’autre pour que tout le monde puisse voir le second impact ! Ce n’est pas par hasard que Mohammed Atta, le chef du commando a étudié l’architecture à Hambourg. Au début, je me demandais l’origine d’une telle haine contre les Américains. Mais rapidement, et en réalité dès que Bush a quitté son bunker pour venir à New York, j’ai vu que tout était foutu. Je n’ai jamais vu un pays si nationaliste…
– Mais l’Amérique vous a pourtant toujours fasciné. Vous y habitez. Vous avez développé une efficacité d’entrepreneur très américaine ?
– J’ai été très partisan des Etats-Unis, mais j’en suis quelque peu revenu. Il me semble que vous aussi d’après ce que je lis dans votre site-web ! J’ai exposé le `Cloaca´ à New York après les attentats et immédiatement ce fut l’inquiétude !
– La machine était-elle biologiquement sûre ?
– Ils étaient pris par la hantise de l’anthrax.
– Venons-en à votre `Cloaca´, cette machine à faire des crottes. Vous aviez parlé d’introduire `l’oeuvre´ en Bourse comme une entreprise. Mais les Bourses se sont effondrées. Allez-vous continuer ?
– Bien sûr que je le fais. Voilà l’obligation convertible qui sera imprimée. Vous y voyez mes sigles qui parodient la MGM et son lion, M.Propre, Coca-cola devenu Cloaca, etc.. Et sur le côté deux blasons: `WD art for all´ et Cloaca Turbo´, car ce sera ma troisième machine Cloaca qui sera mise en Bourse. C’est une banque italienne qui y procédera à la mise en bourse. Il y aura cent obligations convertibles à 3.000 euros pièces et à un rendement de 2 pc, des obligations remboursables après trois ans, si le client le souhaite. Ces obligations sont gagées en banque par cent crottes emballées, les cent dernières crottes de Cloaca turbo, mises sous cellophane et entreposées dans des coffres. Une de ces crottes se vend actuellement 3.000 euros. Chacun pourra donc spéculer sur une hausse du prix de mes œuvres…
– A vous entendre vous êtes en plein dans le système capitaliste que d’autre part vous dénoncez ?
– Cloaca est une réalisation sur le vingtième siècle et sur notre économie. Et en jouant avec de la merde, je suis sûr de garder mon innocence, c’est une garantie que jamais je ne réussirai. Car tout ceci ne sera jamais grave puisque ce n’est que de la merde. Et si je réussis, c’est le summum: réussir avec rien, rien du tout.
– On peut le prendre pour une parodie, une critique de la société.
– Mais je travaille de manière plus subtile, plus raffinée. Je ne suis ni pour ni contre le système. Je refais le jeu mais sur un mode ironique. Marcel Duchamp avait déjà fait cela: créer une obligation. Mais moi je le fais réellement en jouant le jeu. Je devrai avoir l’agrément de la commission bancaire et financière. Il faudra que tout soit juste. Et je commencerai mon road show de présentation à Venise pendant la Biennale dans une banque locale. On y exposera mes oeuvres: des chaises, des tables et je serai en costume cravate à présenter le plan de Cloaca avec des `charts´ comme tout bon cadre de banque…
– Mais vous voulez gagner de l’agent en jouant avec les gens ?
– Le monde de l’art ne pourra pas me suspecter de gagner de l’argent avez ces obligations. Je n’y gagnerai rien. Je veux simplement poursuivre cette question de base : qu’est-ce que l’art ? Avant c’était l’expression. Maintenant l’art n’est plus qu’un trophée, un consensus, une valeur au sein de la tribu. Comme un oiseau qui arbore une grande plume rouge sur sa queue, comme de posséder une BMW ou une Rolex…
– On entre dans un monde où seul l’argent et la possession de ce qui est cher a de la valeur ?
– J’en ai peur et je m’en moque. Je fais une critique intérieure du modèle économique. Après mon premier Cloaca qui était un prototype qu’on a pu voir à Anvers, j’ai réalisé le modèle `advanced´, un peu comme le fait Windows et puis j’ai créé Cloaca Turbo, 50 fois plus efficace et je prépare un `personal Cloaca´, plus petit, pour les familles…
– Mais 3.000 euros pour une crotte, c’est cher ou non ?
– C’est comme les vêtements griffés.
– C’est de la merde aussi… Souvent réalisés/fabriqués en Chine et en Inde par des enfants payés 10 dollars par mois !
– J’ai réduit l’art à son existence essentielle. On ne peut plus pousser le strip-tease plus loin. Au vingtième siècle on a progressivement réduit la peinture à la ligne, à la forme, au point, puis à des toiles monochromes. Ma réduction à moi, est totalement différente, elle est biologique. L’art, l’essentiel de l’art n’est ni la couleur, ni l’objet, c’est un `meeting game´ où se croisent des vendeurs et des acheteurs. C’est un objet spéculatif. J’ai réduit l’art à son essence même: être un objet spéculatif. Mon travail est toujours cela, dans tout ce que je fais: questionner les valeurs sociales et esthétiques comme dans mes carreaux de Delft sur les bouteilles de gaz ou dans les goals, ou les carreaux au sol avec des crottes dans la faïence, je détourne les valeurs esthétiques populaires, plébéennes qui sont kitsch…
– Mais vous exploitez les travers de l’économie en faisant faire vos bétonnières, vos camions, vos grues Caterpillar en métal dentelé dans des pays à main d’oeuvre bon marché comme l’Indonésie !
– Je suscite les questions, je n’ai pas les réponses. Et quand je tatoue des jeunes porcs, je montre ce qu’est un investissement dans l’art. Puisque l’oeuvre d’art grandit avec le porc. C’est à nouveau spéculatif. J’ai repris l’idée d’une décision de Fidel Castro qui pour montrer son avancée vers le libéralisme a permis un jour, aux habitants de garder des cochons chez eux. Avant cela, posséder des cochons était le symbole même du capitalisme…
– En 2002, l’art contemporain a fait son entrée au Palais Royal de Belgique avec Marthe Wéry, Dirk Braeckman et Jan Fabre. Qu’en pensez-vous ?
– La Royauté Belge reste un anachronisme anecdotique. Et quand elle veut investir dans l’art, il s’agit pour elle de montrer son pouvoir. C’est toujours comme cela. Quand l’Eglise était puissante, elle invitait des grands artistes à orner ses églises. Mais vous n’avez plus des Warhol aujourd’hui dans nos églises. On n’y trouve plus que d’horribles crèches en polyester. L’Eglise ne représente plus de force du tout. La dernière nouveauté qu’elle ait intégrée, c’est le micro.
– La Monarchie aussi est un peu fossilisée. Les Rois sont esclaves de leur protocole.
– Mais si on me demande une oeuvre, je ne ferai en tous cas aucun prix spécial, ils devront payer comme les autres…
– On sait que le Palais Royal a demandé à la Communauté flamande de payer partiellement les oeuvres achetées.
– Je ne dis pas non a priori. Mais rassurez-vous, ils ne me le demanderont pas de sitôt !
– Le Parlement bruxellois vous avait commandé une série de 24 photos : des lettres d’amour écrites en arabe avec des épluchures de pommes de terre. Mais ils ne les ont jamais exposées. Ils ont eu peur de cette œuvre ?
– J’avais écrit:`chère Caroline, je pense à toi, je t’aime, etc…´. Mais apparemment non seulement ces oeuvres dérangeaient mais elles ont même été endommagées car on les avait stockées à côté d’un radiateur! Mais l’art doit déranger, c’est sûr. C’est le seul médium qui peut encore le faire. Le rock avait jadis, ce but. Mais il y aujourd’hui tant d’argent dans cette musique qu’on ne peut plus y contester. L’art plastique reste contestataire même si un milliardaire comme François Pinault essaie de le contrôler.
– Les réactions à Cloaca ont été très différentes de pays à pays ?
– J’ai pu tester les cultures. A Anvers, les questions étaient très cliniques, mais les Belges ont un côté poétique qui leur permet d’accepter beaucoup de choses. A Zurich, on m’a dit que la machine puait. En Allemagne, très protestante, on m’a traité d’irresponsable car je donnais des fruits, des légumes et de la viande à ma machine alors disait-on, que tant de gens meurent de faim dans le monde. A New York, ils ont été obsédés par les 400 bactéries qui se trouvent dans ma machine pour permettre la digestion. Ils sont obsédés par l’hygiène et par les avocats. Car ils avaient peur de devoir payer des amendes si un visiteur tombait malade après avoir vu Cloaca. Et curieusement mais significativement, aux Etats-Unis, personne n’a parlé du Tiers Monde !
– L’Amérique est plus merdique que votre Cloaca…
– Vous créez des vrais vitraux à l’ancienne mais avec des images très modernes, y compris des scènes aux rayons X de relations sexuelles. Quel en est le sens ?
– Je cherche à réduire les choses à l’essentiel. Comme dans Cloaca où l’être humain est réduit à une digestion. Avec les rayons X, je supprime beaucoup de choses. Les sexes disparaissent. Où est alors Dieu ? Où est l’âme ? Je ne pense pas que l’art puisse répondre à toutes ces questions, mais il peut en poser. Pour un artiste belge, je suis très politique…
– Lors d’une séance de la commission de concertation Bruxelloise avec les riverains, le débat a tourné à l’empoignade autour de la commande qui vous a été faite d’une grande sculpture à installer au coeur de Bruxelles, devant le nouveau théâtre flamand (KVS) dans le cadre du réaménagement du quai aux foins.
– J’avais proposé d’installer une très grande bétonnière, un camion qui brasse du béton, réalisée en métal ciselé comme de la dentelle avec des motifs gothiques repris de la cathédrale de Chartres. J’avais déjà réalisé de telles oeuvres, y compris à la côte belge et à l’entrée de Central Park à New York, avec une grande grue. Mon projet bruxellois symbolisait le mélange des communautés et des cultures. Les milieux culturels voisins étaient favorables, comme l’architecte du KVS qui avait lui-même suggéré mon nom. La Ville de Bruxelles et son échevin étaient pour. Mais le projet a néanmoins suscité des frictions. On m’a reproché son coût de 1.800.000 €uros et les risques pour la sécurité, que les enfants pouvaient grimper sur la sculpture et tomber… et pour la propreté, les papiers perdus pouvaient se nicher dans la sculpture. Les frilosités étaient essentiellement flamandes et pas du tout francophones. Des milieux Vlaams Belang s’en sont mêlés pour torpiller le projet.
– 1.800.000 euros pour un camion bétonnière en dentelle de métal…, je n’ai qu’un mot en tête : waouwww !
– Oui, waouwwww !
– Ahahahahahahahahah !
– Ahahahahahahahahah !
Le reportage s’est déroulé au “Port Tonic Art Center, musée d’art contemporain” [ex-garage Yamaha-Marine (un chantier naval), l’enseigne est toujours en place]…, c’est vide, abandonné…, un panneau indique une autorisation de travaux qui n’ont jamais débuté…
J’en ai fait plusieurs fois le tour, il n’y a qu’un gardien au courant de rien qui se la coule douce…, si je vois “que ça bouge”, j’irai poser quelques questions…
https://www.youtube.com/watch?v=RjF2zx2oJao
Tout est parti, sauf la grue Caterpillar (1.800.000 euros) de Win Delvoye qui n’a pas bougé d’un poil…, pourtant tout avait débuté début 2015…, six mois plus tard c’était vidé (jusque fin aout 2015 il y avait encore des œuvres)…
Voici la vidéo qui a suscité l’ire de luc Jousse, Maire de Roquebrune…
https://www.youtube.com/watch?v=ZHcN-gqafSM
http://www.globaltv-sainttropez.tv/PORT-TONIC-ART-CENTER-Visite-guidee_v1084.html
Communiqué de la Mairie de Roquebrune…
http://www.lucjousse.fr/details-arrete+de+la+ville+de+fermeture+du+port+tonic+art+center+avant+son+ouverture+-31.html
Arrêté de la Ville de fermeture du « Port Tonic Art Center » avant son ouverture :
Nul ne peut ignorer la loi et s’en moquer, surtout lorsque l’on est conseiller municipal !
Gilbert BRANCHET, conseiller municipal d’opposition est manifestement un apprenti donneur de leçon qui ne les s’applique pas à lui-même !
L’ouverture d’un centre d’art contemporain payant, comme tout Etablissement Recevant du Public (ERP), doit répondre, préalablement, à un certain nombre d’impératifs concernant notamment le site d’accueil, la sécurité des visiteurs, la régularité des travaux effectués, en bref le respect élémentaire du Code de l’urbanisme et du Code de la construction et de l’habitation.
Il est consternant de constater qu’il n’a demandé AUCUNE autorisation ni déposé AUCUNE déclaration ?
Après Josette MIMOUNI, sa colistière qui avait fait l’objet d’un procès-verbal de la part des services de l’Etat constatant des infractions à l’urbanisme dans les travaux faits dans sa villa, c’est au tour de Gilbert BRANCHET de prendre des libertés dangereuses avec la réglementation de l’urbanisme et des Etablissements Recevant du Public (ERP)… surtout dans ce qu’il reconnaît lui-même être un « ancien chantier naval », dernier document d’urbanisme datant de 1968…
L’arrêté municipal de fermeture de ce Centre, avant même qu’il n’ouvre, tant les manquements et les risques sont flagrants, et en l’absence même de tout dépôt de dossier, n’est pas personnellement dirigé envers Gilbert BRANCHET : tout citoyen, et surtout un conseiller municipal qui de plus est logé sur site et qui annonce vouloir accueillir d’autres « apprentis artistes », se doit de veiller au respect de la loi et ne peut s’en moquer : nous sommes dans un Etat de droit qui s’impose à tous !
La Ville n’est bien évidemment pas hostile à la culture, tout au contraire : d’ailleurs, Gilbert BRANCHET s’inspire largement de notre projet de Fonds méditerranéen d’art contemporain, projeté au Col du Bougnon !
Depuis 15 ans, la Ville a mis un point d’honneur à redonner à la culture toute sa place, par une programmation de manifestations, d’événementiels, des lieux d’expositions ; la culture était le « parent pauvre » sous le Maire précédent, mentor déclaré de la liste minoritaire de Gilbert BRANCHET !
Mais la culture ne peut être le prétexte à tout et n’importe quoi, en toute illégalité ; illégalité qu’il reconnaît d’ailleurs en précisant qu’il déposera un dossier, qui ne sera pas « nouveau » mais en fait le premier, et qu’entre temps il procèdera à des visites privées en demandant à chaque personne de signer une décharge, preuve s’il en fallait du caractère dangereux et illicite de cette ouverture.
Il est navrant que Monsieur BRANCHET tente de se moquer des lecteurs de Var-Matin, lui qui prétend détenir une « facture d’un bureau de contrôle sécurité » comme il en existe plusieurs, et le passage officiel, très encadré, de la Commission de sécurité, obligatoire et validée par les officiers pompiers du SDIS, soumis à autorisation de 5ème catégorie, comme lui signifiait sa mise en demeure avec AR reçue le 26 mai 2015, c’est dire si nous avons pris la peine de lui expliquer la loi qu’il a intentionnellement bafouée… Cela constitue une infraction pénale, verbalisée elle aussi.
Enfin, ce Centre, outre l’arrêté pris, suscitait aussi des interrogations, voire des suspicions, pour d’autres préoccupations : l’étrange partenariat avec un musée saoudien évoqué par Gilbert BRANCHET , qui se targue au passage d’un pompeux titre de « président » de ce Centre, est de nature à susciter la curiosité de la DGSI, des gendarmes, du Parquet car ce royaume dictatorial sunnite est préoccupant…
Les conditions troubles du financement de ce Centre et de son statut juridique sont également préoccupants et un signalement a été fait au Service « contrôles » de l’URSSAF du Var pour éviter tout emploi dissimulé, un droit d’entrée étant prévu pour accéder à ce Centre ce qui aurait supposé du personnel d’encaissement et la perception de la TVA…
Bref, un Centre bien opaque pour un pseudo adepte de la transparence… pour les autres, mais pas pour lui !
Luc Jousse maire de Roquebrune sur Argens
www.lucjousse.fr
La télé FR3, s’en mêle…
https://www.youtube.com/watch?v=N8bHATHU4No
A lire aussi : Tout ne fait pas sens !
http://www.gatsbyonline.com/main.aspx?page=text&id=94&cat=passions