Léni Riefenstahl, est avant tout connue pour son étroite collaboration avec le régime nazi dans les années 1930, lorsque suite à l’instigation personnelle de Hitler, elle occupa un rôle important dans l’établissement de l’image publique du national-socialisme en Allemagne et à l’étranger.
En effet, après son élection au poste de chancelier en janvier 1933, Hitler chargea immédiatement Léni Riefenstahl de filmer la conférence annuelle du NSDAP à Nuremberg.
Léni Riefenstahl était infatuée personnellement envers Hitler… et cette infatuation était liée à des conceptions politiques définies.
Dans une interview accordée à un journal, elle déclara : “Pour moi, Hitler est le plus grand homme qui ait jamais vécu. Il est vraiment parfait, si simple et en même temps tellement plein de puissance masculine… Il est vraiment beau, il est brillant. Il est radieux. Tous les grands hommes de l’Allemagne -Friedrich, Nietzsche, Bismarck – ont eu des défauts. Les partisans de Hitler ne sont pas immaculés. Lui seul est pur“…
Après avoir filmé en 1933 la conférence du parti Nazi (film paru sous le titre la Victoire de la foi) à l’extrême satisfaction de ses payeurs, Léni Riefenstahl se vit demander de répéter son travail pour le rassemblement de 1934.
Elle obtint non seulement le contrôle artistique mais également le contrôle organisationnel complet du projet.
Afin de créer les meilleures conditions de travail pour elle, Léni Riefenstahl ne se gêna pas pour intimider des collègues.
Le film de Léni Riefenstahl débute avec des vues aériennes suggérant l’arrivée héroïque de Hitler descendant du ciel pour saluer un peuple qui vient à sa rencontre des quatre coins du pays.
La conférence louange les accomplissements du président du Reich Hindenburg récemment décédé et salue les nombreux invités, représentants de la presse et diplomates étrangers.
Les forces de défense, l’armée, les SS et les SA démontrent leur totale loyauté au dictateur.
Au centre du film se trouve la foi loyale des fidèles du Führer.
“Ils sont l’Allemagne. Lorsqu’ils agissent, la Nation agit“, déclare pathétiquement à la foule Hess, le représentant de Hitler.
Quant à Hitler, il explique que le “grand commandement pour l’Allemagne de jouer un rôle dominant ne vient pas d’un chef mortel, mais de Dieu, le créateur de notre peuple“.
Le régime nazi vit dans la décision prise en 1931 par le Comité international olympique (CIO) d’accorder les jeux olympiques de 1936 à Berlin une gigantesque opportunité de propagande pour l’Allemagne nazie.
Trois ans après la prise du pouvoir par les nazis, l’Allemagne devait être montrée comme une société débarrassée de tout conflit social et politique avec une économie en santé et jouissant du dernier cri en matière de science et de technologie.
Le plus grand terrain sportif au monde fut construit dans ce qui devait être la première étape de la construction d’une métropole germanique future.
Les jeux furent planifiés à une échelle jamais vue jusqu’alors et diffusés pour la première fois à la télévision.
Après son succès avec le Triomphe de la volonté, Riefenstahl fut le choix indiscuté de la direction nazie pour le filmage des jeux.
Comme la conférence du parti à Nuremberg, les Olympiques furent montrées comme un festival.
Le NSDAP consacra d’énormes ressources pour ce projet en plus de mobiliser des artistes et des professionnels. Hitler donna à Léni Riefenstahl tout ce dont elle avait besoin pour sa production : finances, matériel, main-d’oeuvre.
Travaillant avec une équipe de production massive, son budget initial de 1,5 million de reichsmarks (rms) augmenta ensuite de 300.000 rms supplémentaires.
À la tête de telles ressources, elle pouvait filmer avec une caméra omniprésente et ensuite choisir et monter ses extraits à partir littéralement de kilomètres de séquences filmées.
Le compositeur allemand de renommée mondiale Richard Strauss composa un hymne dédié à Adolf Hitler pour les jeux.
Le poète officiel Carl Diem écrivit des vers pour les olympiques à propos des “héroïques martyrs de la mère patrie” (Carl Diem était un responsable sportif qui en 1905 avait demandé que la marche militaire sac au dos soit reconnue comme une discipline sportive).
L’architecte Albert Speer fut grandement responsable de la mise en scène de la cérémonie d’inauguration.
À la fin des olympiques, un dôme de lumière s’éleva au dessus des athlètes et du public.
Les sources de cette lumière mystique exprimant l’harmonie étaient en faits beaucoup plus prosaïques, une grande proportion étant assurée par des projecteurs de défense antiaérienne.
Les préparatifs pour la mise en scène de cette “oeuvre d’art” comprenaient les arrestations massives d’opposants politiques, de Juifs et de Gitans par la police et la Gestapo, avec comme objectif déclaré de rendre Berlin sûre et agréable pour les visiteurs des jeux.
En même temps que les installations olympiques fut construit le camp de concentration d’Oranienburg qui en septembre renfermait déjà près de 10.000 prisonniers.
A peine croyable que la vie de cette femme, décédée à 101 ans !
Après une “vie très remplie“…
Elle a survécu à tout, même à un accident d’hélicoptère à l’âge de 98 ans !
L’hélicoptère crashé… Après l’accident…
Entre dégoût et admiration…, elle a vécu comme elle le désirait.
Pour son côté aventurière, je reste béate, car se faire une place pour une femme dans ces années noires et brunes, ne devait pas être évident.
Mais pour son côté aventureux dans ses choix nazis en début de carrière, j’ai le dégoût…
La “dame de fer” a fait preuve d’une vitalité admirable !
Ce document est censé nous la présenter en mars 2003, à près de 101 ans aux Maldives !
Si c’est vrai, c’est tout bonnement incroyable!
Danseuse, skieuse, actrice, cinéaste, photographe, réalisatrice de films de popagande nazis, amie d’Hiltler, puis du vatican, après la chute du III ième Reich nazi, elle voyage en Afrique et dans les mers pour filmer des poissons et des coraux…
A l’âge de 80 ans, elle apprend même un nouveau sport, la plongée sous-marine !!!
Et aujourd’hui, ses photos sont mises aux enchères en même temps que celles de la Première Dame de France, celles de Brigitte Bardot et celles de diverses “top-modelès-surfaites“…
Un film va aussi venir, consacré à sa vie, avec Jodie Foster comme interprête (pas certaine que l’actrice acceptera ce rôle), pour fin 2008…
Léni Riefenstahl a déclarée son dédain de la réalité, mais sa collaboration intime avec les nazis démontre clairement qu’elle était consciente de la réalité et des conséquences du pourvoir nazi, en plus de partager plusieurs aspects de leurs perspectives…
Des documents récemment publiés révèlent également qu’elle fut témoin d’atrocités nazies pendant la guerre et qu’elle en a également été complice en laissant des figurants, utilisés dans ses films, être envoyés dans un camp de concentration.
Léni Riefenstahl avec le Major Jacob…
Bien consciente des conséquences sociales et artistiques désastreuses du IIIe Reich, Leni Riefenstahl employa tout son talent à draper la barbarie national-socialiste dans un manteau de “beauté et d’harmonie“.
Seules des personnes complètement ignorantes ou totalement désintéressées des expériences les plus importantes du XXe siècle peuvent voir en une telle artiste : une “pionnière“.
L’Histoire devrait-elle enfin laisser Leni Riefenstahl en paix ?
La célébration de son centenaire apparaît un peu trop, en tout cas, comme l’apogée d’une réhabilitation.
En 1966, en dépit des protestations des associations juives, une rétrospective de ses films fut organisée au Musée d’art moderne de New York.
En 1973, à Telluride, dans le Colorado, elle fut l’invitée d’honneur du premier festival “féministe” de cinéma : raison avancée : hommage était rendu à l’artiste, non à l’individu qui avait pu adopter certaines positions politiques.
Ensuite, les rituels de reconnaissance au “génie” de la cinéaste sont allés bon train.
Le succès de son livre de photos sur la tribu soudanaise des Noubas lui apporta une immense publicité.
Exaspérée par le “flot d’articles et d’entretiens respectueux dans les journaux et à la télévision”, l’essayiste américaine Susan Sontag dénonça la nature fasciste de son esthétique…
Arte s’est bornée à diffuser deux films qui n’avaient pas été réalisés sous le IIIe Reich.
Les limites du talent de Leni Riefenstahl n’en apparaissent que mieux.
La Lumière bleue, qui n’a pas eu le succès que lui prêtent ses hagiographes, est surtout du kitsch néoromantique.
Quant à Impressions sous-marines, le tout dernier-né, fondé sur la fascination exercée par la prétendue beauté des poissons, c’est un mouvement continu d’images qui devrait se révéler excellent pour endormir les enfants.
Non, la reconnaissance des valeurs culturelles n’est pas compatible avec l’amnésie.
Leni Riefenstahl a beau proclamer, afin de justifier les prises de vue de ses cameramen dans les fonds marins, que son intention est de pousser à la protection de la nature, elle a trop failli devant la primordiale protection des êtres humains pour que lui soit octroyée, même en son grand âge, l’auréole d’une “conscience humaniste”.
“Digne d’admiration, elle ne l’est ni par sa vie ni par ses films. Elle l’a été par sa vitalité, sa volonté, sa résistance physique, et par sa chance d’avoir passé, toujours solide et sans que ses facultés intellectuelles soient manifestement amoindries, le cap des cent ans. Est-ce quelque chose qui mérite un concert médiatique à tous vents ?“… (Indécente réhabilitation de Leni Riefenstahl, par Lionel Richard)
L’œil qui voit est-il aussi coupable que la main qui tient le revolver ?
Intelligente, rebelle, insoumise, Leni aurait du savoir que la fascination est aussi (et surtout) une damnation…
Lorenza